Rencontre Claire Écrivaine, facilitatrice d’exploration émotionnelle.

Je m’appelle Claire, je suis française et maman de deux enfants, tous deux nés ici aux Pays-Bas. Ils ont 21 mois d’écart.

Au commencement…

J’ai toujours eu au fond de moi le désir d’être mère. Ma fille a été très attendue, assez longtemps. Mon fils était désiré mais pas planifié, il a été autant une surprise qu’une évidence. Je les aime immensément. Une fois que j’ai dit cela, j’ai tout dit et rien en même temps.

La maternité est un chamboulement.
Sans doute plus ou moins fort suivant les femmes.
J’étais à la fois au fait des possibles et totalement inconsciente de toutes les émotions, sensations, bouleversements que ça allait me faire vivre.

Des grossesses compliquées d’un point de vue émotionnel

Il y a tellement de phases par lesquelles je suis passées.


Le malaise physique de la grossesse, cet état qui a été si difficile pour moi, vomissements, pertes d’équilibre, fatigue. Et cette impression que mon corps me trahissait, que je ne pouvais pas compter sur lui puisqu’il ne me permettait pas de continuer à vivre comme j’aurais aimé. Et pourtant, je voulais aimer être enceinte, je trouvais l’idée de porter la vie magnifique. Et je culpabilisais de me retrouver à pleurer sans savoir pourquoi parfois.

 

À cela s’est ajouté le trouble d’une grossesse imprévue la deuxième fois. J’ai d’abord eu l’impression d’accepter facilement, de le voir comme un beau signe de la vie, au moment où une des personnes que j’estime le plus était au bord de la mort.

L’indignation de tous les plans que ça perturbe est venu par vagues, après… Et puis une certaine culpabilité : et si je l’aimais moins ce deuxième enfant moins attendu ?

Je crois que la dépression pré-partum est une vraie réalité très peu connue. Et je pense que je n’en étais pas loin.

De si belles naissances…

Je fais partie d’une catégorie de femmes dont on n’entend peu parler : j’ai adoré accoucher, les deux fois.
Ce que j’ai vécu est une expérience tellement forte, tellement initiatique quelque part que j’ai du mal à en parler sans employer des comparaisons qui me font passer pour une illuminée. Mais il est prouvé que les hormones peuvent nous connecter à un état primitif et qu’on peut donc avoir accès à une réalité modifiée. Alors oui, bien sûr, j’ai eu mal mais j’ai surtout senti une force, une inspiration, de l’amour et quelque chose qui doit être de la transcendance.
Et pourtant pour mon premier accouchement, j’ai fait une hémorragie de la délivrance qui m’a laissé anémiée et très faible (en plus d’inquiéter un peu mon mari). Ce n’est pas du tout ce que j’en retiens.
Enfanter a été une espèce de révélation de ce que j’avais en moi et je pense que j’y puise tellement d’inspiration, de force…

Et puis l’après…

J’ai eu beau me sentir genre wonder-woman et pleine d’amour pour mes bébés (ce n’est pas automatique et aussi simple pour beaucoup, je le sais), ça n’a pas empêché les montagnes russes de la maternité de me toucher.

Pour ma fille, mon ainée surtout. L’allaitement qui met du temps à se mettre en place et moi qui y tiens plus que je ne le croyais. Le bébé qui dort peu, et qui doit avoir un contact physique avec moi pour le faire. L’impression qu’on va passer le restant de notre vie épuisés,  « alors c’est ça, maintenant la vie ? La privation de sommeil, la difficulté de répondre à mes besoins basiques, le doute, la peur, les pleurs de ce bébé qui n’a pas été livré avec le manuel…
Mais l’émerveillement aussi, la dose d’amour, le plaisir de la porter, de la câliner, de l’avoir tout près de moi, de la regarder paisible, de lui caresser la joue, le bonheur de l’aimer.

Mon deuxième post-partum, j’en garde un souvenir tellement paisible, beaucoup d’amour de câlins, de temps à se découvrir, à 4 dans notre grand lit.

Et pourtant, il y avait aussi l’inquiétude de la grande à gérer, la fatigue décuplée, les moments de colère, de tristesse, de ras-le-bol, de questionnements…
Et aujourd’hui, alors qu’ils ont presque 3 ans et un an passé, les grands écarts émotionnels ne sont pas terminées (et malheureusement, le manque de sommeil est toujours notre quotidien !)

La parentalité est l’aventure la plus belle et la plus difficile qui m’a été donné de vivre. C’est aussi l’aventure la plus personnelle et une des plus universelles. Ce que je vis n’est pas ce que vit l’autre, les mêmes moments n’auront pas les mêmes émotions. Et pourtant quand on partage sans jugement, sans compétition, sans but de se valoriser ou dévaloriser, on se rend compte que la profondeur et la diversité de nos émotions de parents sont au fond les mêmes.

Être accompagnée et dans un environnement bienveillant

Devenir parent, c’est en fait un des trucs les plus banales qui puissent nous arriver. Ça arrive à tellement de monde… Et pourtant, j’ai l’impression que c’est quelque chose d’extraordinaire et que ce par quoi on passe chamboule, retourne, perturbe.

Je me rends compte à quel point j’ai eu la chance d’être bien accompagnée. Par mon compagnon, par nos proches, par un groupe de mères plein de bienveillance et de conseils…

Et si j’ai répondu à l’appel de Delphine d’écrire sur son site, c’est parce que le système de Kraamzorg m’a tellement plu. Ça me paraît tellement plus logique que de rester à la maternité (et j’ai bien conscience que ce n’est peut-être pas le cas de tout le monde, mais ça serait chouette que tout le monde ait se choix).

Être chez soi, dans l’intimité, en famille pour tisser les liens avec ce nouveau bébé. Tout en ayant quelqu’un de professionnelle qui prend soin de nous, qui nous accompagne, qui nous permet de naitre mère dans la sécurité et la douceur.

J’ai eu la chance de tomber sur deux personnes avec qui je me suis vite sentie à l’aise. Elles ont eu les mots et les gestes qui m’ont fait du bien. Elles ont pris soin de ma maison, de mon bébé et de moi et du papa.

Celle pour mon fils, mon deuxième était tellement merveilleuse, attentionnée et en même temps sachant ne pas prendre trop de place.

Il y a tellement d’émotions autour de la matrescence, ce processus qui nous fait naitre mère, et renaitre à chaque naissance. Je trouve ça fondamental d’être accompagnée de manière humaine et sécurisante. D’un point de physique mais pas que ; les mères, je crois qu’il faut les écouter et aussi les mots qu’elles ne savent pas encore dire…

Aujourd’hui, ma vie a changé, de ma maternité est née toute une prise de conscience qui m’ont fait remettre les émotions au coeur de ce que je fais.
Aujourd’hui, je veux mettre à disposition mes outils, ceux de l’écriture. Mon but : faciliter l’exploration émotionnelle de toute personne qui sent qu’elle a besoin de creuser ce qui vit en elle. Et notamment donc pour les mères.

Je veux participer au changement du paradigme autour des naissances, avec l’humain et l’émotionnel qui retrouvent leur place primordiale.

Je veux rendre un peu tout ce qu’on m’a donné.

Claire propose des ateliers d’exploration émotionnelle par l’écrit sur des thèmes aussi variés que Être parent, la colère, réussir…

Pour répondre à une demande, en octobre 2020, elle lance de nouveaux ateliers autour de la grossesse, de la naissance et du post-partum pour mettre des mots sur ce qu’on ressent ou a ressenti pendant ces périodes clés. Retrouvez-la sur son siteson Instagram ou sa page Facebook.